La collection orientaliste du Musée des Beaux-Arts

Contexte historique

L’Orientalisme est un mouvement qui couvre plusieurs siècles et a touché tous les domaines de la production artistique. Il s’est inscrit dans le courant des mutations stylistiques de l’art occidental et a suivi l’évolution des relations géopolitiques entre les deux rives de la Méditerranée. En peinture, il connaît son apogée au XIX^e siècle , particulièrement pendant la période de colonisation dont il accompagne l’expansion. La collection du musée des Beaux arts présente un panorama de la diversité du mouvement, du romantisme du premier tiers du XIX^e siècle au naturalisme de la fin du siècle, de l’Orient imaginaire (Ziem, « Fantasia sur les rives du Bosphore) à la représentation quasi ethnographique d’un peintre qui a séjourné au Maghreb (Bompard, « Une rue de l’Oasis de Chetma », 1890)

Les représentations couvrent une aire géographique qui comprend l’Empire ottoman, la Turquie et l’Egypte et la zone plus spécifique de la colonisation française, le Maghreb et l’Afrique occidentale subsaharienne.

Un même artiste peut recourir à toutes les facettes de l’orientalisme comme Bompard qui reproduit avec une véracité photographique une rue d’une oasis algérienne aux portes du désert à la fin du XIX^e siècle ( « Une rue de l’Oasis de Chetma ») ou qui cède au voyeurisme de l’un des thèmes les plus factices mais pour autant les plus exploités de l’orientalisme, celui du harem, qui sert de prétexte à un érotisme plus ou moins trivial (« Scène de Harem »).

Dans cette œuvre de Bompard les acculturations paradoxales de l’orientalisme sont confortés par l’encadrement d’une scène lascive avec une moulure dont la calligraphie reprend des extraits la chahada, la profession de foi musulmane.

Approche critique

Les musées se posent aujourd’hui la question du titre de certaines œuvres notamment pour les images produites dans le contexte de l’esclavage ou de la colonisation. Si dans l’inventaire d’un musée, les titres originaux sont conservés, car ils sont en eux-mêmes porteurs d’informations et d’une histoire, le cartel mentionnera une nouvelle dénomination plus conforme au respect des individus ou des cultures représentées. Ainsi au musée des Beaux-Arts la statue polychrome d’Henri Allouard, originellement dite « Femme de race Foullah » est aujourd’hui dénommée « Jeune femme Peule ».

Le terme de race qui pourrait être perçu comme péjoratif et qui n’a pas de fondement scientifique a été abandonné. L’appellation Foullah tombé en désuétude a été quant à elle remplacée par la transcription française du mot wolof « Peul » qui est aujourd’hui la plus usitée.

Luc Georget